Extrait du journal intime de Vic Toews :

Le jeudi, 16 février, 2012

8h
Oof.
C’était quand mon dernier lendemain de veille?!? Ah oui! Stephen et moi sommes allés voir les danseuses à Hull. C’était là qu’on avait eu l’idée pour le C-11! Ça me fait penser. Il faut que je trouve une façon de relancer ça, C-11.

NOTE : Appeler Péladeau pour qu’on en parle à Sun News.

Sont où les aspirines? J’avais demandé à Magda de mettre une bouteille sur la table de chevet. J’aurais dû écouter Baird. Les Mexicaines sont vraiment lâches. Elle savait qu’on allait faire la fiesta… Ce n’est pas à tous les jours qu’on réussit à détruire un registre d’armes à feu. Ça valait la peine rien que pour voir la face du petit Trudeau quand on buvait les shooters. Petit morveux.

Grosse journée aujourd’hui. Je rencontre 3 gardiennes potentielles… Faut que je parle à Van Loan. Il m’a dit que le rapport de la GRC sera prêt ce matin. J’espère qu’il y en a au moins une qui sait être discrète.

9h30
En retard et… Personne ne s’en est rendu compte! Sauf Coderre (je me demande s’il dort Coderre… Faut que j’en parle à Van Loan) mais personne l’écoute de ces temps-ci. C’est toujours « Maire de ci, maire de ça ». Il m’énerve.

10h15
Je viens de voir mon reflet dans le corridor du Sénat. J’ai oublié de me raser! Mais maudit qu’elle est belle ma moustache. Je pense que je vais aller la regarder dans la toilette de Layton. Ha! Dans les dents Layton! Qu’est-ce que tu vas faire!?!?!?!?!

11h
Hazel m’a donné les journaux de ce matin. La pauvre conne m’a donné ceux du Québec. Je lui ai dit de ne plus jamais faire ça. Mais pour qui ils se prennent, eux? Stephen m’a dit qu’on verra ça quand ils se séparent. J’aime ça un boss qui a un sens d’humour… Bref. La gaffe avait un bon côté. J’ai lu Marie-Claude Lortie pour la première fois.

NOTE : Dire à Van Loan de placer Madame Lortie sous surveillance. Je vais t’en faire un, un « danser sur des tombes ». Faut dire qu’elle est jolie, par exemple… Je me demande si elle a déjà gardé des enfants...

12h
Fuck… Stephen veut qu’on aille luncher pour me parler de C-30. J’ai demandé à Hazel de me trouver une copie (je pense qu’il y en a avait une dans l’enveloppe avec les papiers de divorce…). J’avais pris un verre avant de faire la dernière version et il y a une couple de trucs dont je ne me souviens plus. Est-ce que j’ai donné accès à la police municipale? Je pense que oui mais je veux être sûr. Voir Stephen frustré avec une gueule de bois une fois dans la vie, c’est assez!

15h
Je quitte la colline pour aller rencontrer les filles. Honnêtement, je suis heureux d’avoir changé l’âge de consentement. Ça rend la vie tellement plus simple. Stephen est content avec C-30 en plus! Bon, les nerds vont gueuler, mais on s’en fout. Bande de twits.

Ha! En parlant de twit… Van Loan vient de m’envoyer un courriel. Il me dit que je « devrais aller voir un compte de twitter ». C’est quoi ça Twitter?? Ça doit avoir rapport avec les gardiennes. Je vais y jeter un coup d’œil avant de partir…

Présentatation

Il y a des choses qu’on n’aime pas dans la vie.

Il y a les choses importantes, bien sûr… Les gouvernements, les voisins, les gens qui s’inscrivent à Occupation double… Ce sont toutes des choses que nous avons le droit de ne pas aimer et qui - suite à mon ascension au trône du Québec – seront punissables de peines lourdes. Très lourdes.

Mais ce ne sont pas ces choses là dont je vous parle. Je parle des petites choses. Les choses quotidiennes auxquelles nous nous sommes habituées, pour le meilleur et pour le pire (et non, je ne vous parlerai pas de mariage. Je sais que vous n’aimez pas ça. J’ai vu les statistiques. Je ne comprends pas les chiffres, mais je suis très bon pour faire semblant.) Pensez-y une seconde. Pensez-y deux minutes. Je suis prêt à gager qu’il y a au moins 9 ou 10 choses qui vous arrivent par jour qui vous font chier. La vraie diarrhée intellectuelle...

Peut-être que vous êtes de ceux qui n’aiment pas attendre que le métro se vide avant de foncer dans la foule de gens qui veulent juste sortir du wagon trop chaud/trop froid, comme un joueur de hockey en manque de stéroïdes. Non? Ce n’est pas vous? Fiou. Je suis heureux, parce que si les dieux le veulent, ces gens-là se retrouveront un jour dans le métro qui va dérailler à la station Place St-Henri. Malheureusement, personne ne s’en rendra compte pendant quelques heures parce que personne n’est vraiment certain qu’elle existe la station Place St-Henri, mais bref…

Ah! Non! Je l’ai! Vous êtes ce genre de personne qui n’aime pas les immigrants que vous croisez 250 fois par jour parce qu’ils sont mieux éduqués que vous et qu’ils savent parler 3 langues? Il y a une solution pour ça, vous savez. Ça s’appelle « Red Deer et un camion U-Haul ». On me dit qu’il fait très beau à Red Deer à ce temps-ci de l’année, en passant.

Personnellement, de ma personne personnelle, je dois avouer que j’ai de la misère avec les présentations ou les introductions, si vous aimez les anglicismes. Et qui d’entre vous n’est jamais tombé en amour avec un anglicisme?

Mais revenons à nos ognons. C’est bon les ognons. Bon pour la santé… C’est vrai. Lorsque je dois me présenter à des étrangers, je trouve ça difficile. Je pense que ça ne parait pas (j’espère que ça ne parait pas, devrais-je dire), mais je sue, je trébuche, je tourbillonne pour trouver une façon de le faire qui a de l’allure.

Il faut trouver le juste milieu. « Bon… » je me dis « Qu’est-ce que je peux dire pour que cette personne sache qui je suis, tout en gardant un petit air mystérieux qui va lui donner le goût de continuer à me parler ». C’est ça que je me dis, dans ma tête. Souvent cette volonté bétonnière devient, « Bonjour! Je m’appelle Judes! Je bois trop, j’adore mes enfants et je masturbe d’une façon chronique et presque maladive! ». Au revoir le mystère… Bonne nuit l’intrigue. La personne a qui je parle, mal à l’aise, sourit un petit sourire maladroit et regarde ailleurs en disant « Ohh! Jacques! Allloooooo! » et swoosh! Elle est partie. Lorsque j’ai vu que cela ne fonctionnait pas trop bien, j’ai essayé la technique torontoise. Vous la connaissez? On débarque, on dit notre nom, notre emploi et notre salaire. Malheureusement, elle a suscité presque la même réaction.

J’ai donc décidé d’être proactif. Les Québécois aiment ça les gens proactifs (je l’ai lu dans le pamphlet « Bienvenue au Québec! Faites-nous pas chier… » à mon arrivé) et connaissez-vous quelqu’un avec des ambitions royales qui ne l’est pas? Je travaille donc sur la présentation de ma personne personnelle. Voici ce que j’ai préparé :

Bonjour! Je m’appelle Judes. Je suis la personne avec qui tu travailles qui rentre chez-elle le soir pour chialer contre toi. Je fais le strict minimum, en espérant que personne ne s’en rende compte et j’ai mis sur pied un projet qui devrait détruire les compagnies auxquelles nous louons nos vies pour payer la Mercedes du PDGénéré qui ignore notre existence. Est-ce que tu veux te joindre à moi? Si oui, viens me rejoindre dans la salle de bain à 14h36…. C’est ma pause masturbation de l’après-midi. Elle m’aide à être plus productif.

Je pense que c’est bon. On apprend l’essentiel (sans que Ginette Reno s’en mêle) mais avec la promesse d’en apprendre davantage! Je suis presque prêt à faire un test de cette nouvelle approche mais j’attends le moment idéal. Ça fait un bout qu’on ne m’a pas invité dans une soirée, à un souper, au bowling ou à un spectacle des finissants de Star Académie.
Je crois que la solution c’est d’amener ça au peuple. Donc, à 9h00 demain matin, je serai à la station Place St-Henri. Si vous êtes de ces gens qui n’aiment pas attendre que les wagons se vident, c’est à vous que je veux parler. Je veux faire votre connaissance et je veux que vous me connaissiez.

Je suis conscient que ça pourrait ne pas fonctionner. Il faut être prévoyant, comme un Jacques Parizeau scotché dans une chambre d’hôtel. J’ai donc un plan B. Bref, bilingue et surtout, ciblé. « Bonjour! Je m’appelle Judes. Connaissez- vous Red Deer? I hear it’s woooonderful at this time of the year ».

Un cauchemar canadien...

Ça m'arrive parfois d'avoir des idées. Je ne devrais peut-être pas toujours les suivre...



Et...